DANS L’œIL DE MATHILDE FAVIER, HéRITIèRE DU BON GOûT

Rencontre avec Mathilde Favier

« J’ai fait ce livre pour rendre hommage à ma mère, une grande femme d’intérieur qui nous a beaucoup appris », nous confie Mathilde Favier entre les tables dressées du restaurant Monsieur Dior, à quelques pas des bureaux où elle exerce le rôle de directrice des relations publiques de la maison. Lorsque Mathilde était enfant, aucun paquet de beurre ne traînait sur la table apprêtée, il prenait place dans un élégant beurrier. À l’heure du petit déjeuner, la table était dressée dans les règles de l’art avant de prendre le chemin de l’école ; un rituel qu'elle a reproduit chez elle, avec ses enfants, dans un monde où tout va très vite et dans lequel l’importance de la transmission résonne plus que jamais. Elle grandit entourée de femmes « qu’on aurait pu appeler Les Inspirantes » sourit-elle, évoquant de grandes dames à l’image de Jacqueline de Ribes ou Madeleine Castaing — cette dernière vient si souvent que l’appartement familial est surnommé « l’antichambre de Madeleine Castaing ». Les bals à l’hôtel Lambert, les dîners chez les Lalanne et les réceptions chez Édouard et Arielle de Rothschild ponctuent la jeunesse de Mathilde Favier, définitivement parisienne ayant pourtant vécu entre Genève, Londres, New York et Paris. « Un étranger ou une étrangère peut se considérer parisien ou parisienne car c'est une attitude » poursuit-elle, à savoir une désinvolture faussement travaillée. Solaire, elle cultive le bon goût à travers un art de vivre qui lui est propre, une identité forte influencée, au sens propre du terme, par Paris et sa lumière.

Dans son livre, une petite bible des intérieurs, des adresses et des personnalités qui font le Paris d’hier et de demain, elle convoque la mémoire d’un art de vivre humble. Loin d’être un manuel donneur de leçons, il exhale les codes d’une ville où le bon goût excelle. L’occasion de se plonger dans les envies, les inspirations et les conseils de Mathilde Favier, qui en maîtrise les codes à la perfection.

Ressembler à sa maison

« Je suis beaucoup inspirée par Hauteville House, la demeure d’exil de Victor Hugo à Guernesey, où chaque décor raconte une histoire à l’ambiance différente » explique Mathilde Favier qui tombe amoureuse d’une pièce aux inspirations éminemment indiennes, de l’accumulation de tapis iraniens dans une autre. « Victor Hugo a laissé libre cours à son imaginaire et à ses envies » précise-t-elle en expliquant à quel point elle ressent le besoin de se créer un cocon à son image. Ne dit-on pas que la maison est le miroir de l’âme ?

Commencer à collectionner tôt

Au détour de la conversation, Mathilde Favier imagine ce qu’elle aurait pu faire si elle devait aménager son premier appartement. « Mon obsession aurait été de m’acheter mon petit appartement, un endroit à moi aussi petit soit-il » explique t-elle avant de préciser que son premier geste aurait été de débuter une petite collection d’art contemporain à petit prix : « J’aurais été voir des artistes contemporains peu onéreux. » Habituée des puces depuis son plus jeune âge, lorsque sa mère assistait chaque week-end au déballage, Mathilde a gardé le goût des objets ayant voyagé. Aujourd’hui, elle collectionne les objets comme de drôles de lubies. Les pièces ayant appartenu à la princesse Mathilde par exemple, ou la chouette sous toutes ses formes — « Je la trouve très prétentieuse et espiègle » s'amuse-t-elle.

« Bien » acheter

C’est auprès de Jacques Grange que Mathilde Favier pense ses premiers intérieurs, conseillée par le maître de la haute décoration française qui n’hésite pas à orienter ses choix — « Jacques Grange vous emmène et vous élève. Il m’a appris à acheter bien et cher car il disait ’’Je ne suis pas assez riche pour acheter bon marché.’’ » Et pour cause, dans la mode comme dans la décoration d’intérieur, il est plus judicieux d’investir dans une belle pièce à garder toute sa vie.

Créer d’heureux mélanges

Une chose est sûre, Mathilde aime les imprimés, se passionne pour les mix and match bien pensés. Un seul coup d’œil à son compte Instagram comme à son appartement de l’ouest parisien le confirment : « J’adore assortir et donner vie à d’heureux mélanges. » Une lubie dont sa fille Héloïse Agostinelli, peut en témoigner. « Quand nous étions enfants, je me souviens que tu assortissais les jelly beans [des sucreries multicolores en forme de haricots] aux fleurs et aux canapés, ceux à la pomme verte par exemple » dit la jeune femme à sa mère en souriant. L’élégance solaire est légion dans la famille.

Mathilde à Paris, sortie le 24 avril 2024 aux éditions Flammarion, 65€, 280 pages.

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