EN PROVENCE, UNE VILLA DE VACANCES RêVéE ET SA PISCINE MIROIR

« L'idée, c'était que la maison disparaisse au maximum », annonce Delphine Sauvaget. Étonnante déclaration que celle-ci au regard de cette villa, d'apparence moderne et méridionale, comme nombre de maisons d'architectes qu'on peut trouver dans Sud de la France. En fait, lorsqu'elle est missionnée pour rénover cette villa aixoise, Delphine Sauvaget découvre une construction « tarabiscotée », éclatée en plusieurs parties peu esthétiques. Le premier enjeu est de créer l'harmonie absente entre les différentes structures. « Cette maison n'avait pas grand charme. Mes clients l'ont certainement choisie pour son cadre exceptionnel : un lieu paraissant perdu dans la verdure, mais à seulement dix minutes d'Aix-en-Provence », précise l'architecte d'intérieur marseillaise. Bien qu'atypique, la propriété s'étend, en effet, sur un parc de 4 hectares offrant une vue rare sur la montagne Sainte-Victoire. C'est donc sur cet environnement exceptionnel que Delphine Sauvaget a misé pour doter la villa d'une véritable identité : un espace non seulement ouvert sur la nature, mais aussi inspiré par elle.

La fusion intérieur-extérieur

Destiné à accueillir une famille parisienne en quête d'un refuge apaisant, où échapper au tumulte et, surtout, où se réunir en nombre, ce projet a l'ambition d'une « maison de famille à la fois chaleureuse et intemporelle ». Pour commencer, l'architecte d'intérieur agrandit largement les ouvertures, créant une fluidité naturelle entre l'intérieur et l'extérieur. Dans le salon, de grandes baies vitrées sont creusées dans le bâtiment et encadrées de béton pour un look plus moderne, transformant complètement l'apparence de la façade. « Je suis originaire de Marseille, donc je suis particulièrement sensible à la lumière et au plein air », explique Delphine Sauvaget. Aussi s'est-elle entourée du paysagiste Vincent Gillier pour établir un dialogue harmonieux entre la villa et son décor naturel, « toujours dans cette idée de brouiller les frontières et de concevoir une expérience spatiale immersive ».

Pour étayer cette porosité entre la maison et son environnement, l'architecte d'intérieur a privilégié des matériaux bruts et éco-responsables. Ainsi, le sol intérieur en « terraflore » (un mélange de gypse et de chaux) se prolonge, sur la terrasse, en dalles de pierre automnale, créant « une continuité visuelle et sensorielle ». En façade, le béton original est habillé de pierre sèche « dans une teinte ocre chaleureuse », donnant à la maison le cachait provençal dont elle manquait. Une piscine à débordement est creusée dans un granit noir, contrastant avec la pierre greige et formant un miroir sur la nature alentour. « Ce qui est incroyable, surtout le soir quand la lumière devient un peu rouge, c'est ce reflet parfait sur le paysage ; c'est très beau », témoigne Delphine Sauvaget.

Art et mobilier vintage : l'âme de la maison

Une fois cet important travail extérieur mené, l'architecte d'intérieur s'est attelée à concevoir un lieu de vie aussi convivial qu'intimiste. « Les espaces ont été pensés pour accueillir à la fois de grands rassemblements familiaux et en même temps, des recoins plus confidentiels, propices au repos, à la lecture, à la contemplation », décrit-elle. Dans une enveloppe minimaliste et fonctionnelle, toujours tournée vers la nature, Delphine Sauvaget a mêlé mobilier chiné et art pointu « pour apporter une âme singulière à la maison », travaillant main dans la main avec des artistes. « Par exemple, j'ai fait, avec la céramiste Kalou Dubus, une série de poignées pour tous les agencements, souligne-t-elle ; et proposé à Eloi Schutz, dont j'adore le travail, de réaliser une sculpture d'envergure qui s'intègre parfaitement à l'espace. La Galerie parisienne La Lune l'a tellement aimée qu'elle a demandé à l'exposer avant sa livraison à Aix-en-Provence ». Le mobilier, lui, s'illustre par son éclectisme vintage, des fauteuils Zen inspirés par la calligraphie chinoise, au banc demi-lune au style semblable à celui de Pierre Chapo, en passant par la table basse en verre et travertin des années 1970.

Même esprit dans les parties nuit, dont la suite parentale dévoile un banc de Pierre Chapo, des vasques en travertin et une œuvre attribuée au sculpteur marseillais Stahly. Chaque salle d'eau est équipée d'une wet room (combinant douche et baignoire) ouverte sur le jardin grâce aux grandes fenêtres. « Ce que j'aime dans mes projets, notamment celui-ci, c'est lorsque le jeu de lumière et d'ombres joue un rôle essentiel. Au fil de la journée, comme la maison est grande et bénéficie d'une orientation différente, cela sculpte les espaces. Selon l'orientation du soleil, des lignes architecturales diverses se dessinent. »

Ceint de murets en pierre sèche, le jardin accueille non seulement la piscine-miroir, mais aussi des terrains de pétanque et de tennis, une salle de sport équipée d'appareils en bois, un sauna, une cuisine extérieure et, enfin, un pool house agrémenté de banquettes maçonnées — le bain de soleil idéal où lézarder tout l'été.

Delphine Sauvaget : delphinesauvaget.com / Instagram : @studio_delphinesauvaget

2025-03-12T17:23:27Z