WE LOVE GREEN : 5 BONNES IDéES éCOLOS DéCOUVERTES AU FESTIVAL

Entre deux concerts, le festival We Love Green est l’occasion de trouver de nouvelles solutions pour la planète. Cinq bonnes idées repérées sur place.

Pour trouver l’entrée du festival We Love Green, ce 2 juin, il suffit de suivre les traces de pas dans la boue, sur un long chemin reliant le Château de Vincennes au Bois. Ce dimanche est le seul jour sans pluie au programme de l’évènement… Mais ça n’a pas empêché plus de 100 000 festivaliers de venir en trois jours. Sur place, à côté des concerts, la foule se presse aux conférences, aux ateliers de sensibilisation autour des enjeux du climat, au village d’associations, aux restaurants végétariens... On trouve aussi des toilettes-sèches, des stands de gourdes réutilisables. En plus de faire des efforts pour réduire son impact sur l’environnement, We Love Green sensibilise son public aux enjeux climatiques. Retour sur cinq initiatives phares.

Calculer son empreinte forêt

« L’empreinte forêt correspond à l’impact que nous avons, chacun, sur la déforestation, à travers nos modes de vie, nos achats, nos habitudes », explique Julien, représentant de l’association « Envol Vert ». Au cœur du festival, dans le « village des initiatives positives », il sensibilise les intéressés à la déforestation et à l’empreinte forêt, aux côtés de la fondation Maisons du Monde. Sur place, des festivaliers, panier à la main, déambulent dans un faux rayon de supermarché, rempli de produits en cartons. « L’idée est de classer les produits selon leur impact sur la déforestation », détaille le représentant de l’association. De nombreuses matières, comme le cuir, mais aussi les viandes où les produits laitiers, ont un impact important et souvent méconnu, sur la déforestation. « Les volailles françaises, par exemple, sont nourries au soja, issu de la déforestation en Amérique Latine », explique-t-il. Rendez-vous sur  envol-vert.org pour faire le test et calculez votre empreinte forêt.

Simplifier vos voyages sans avion

« Entre le temps de trajet, les correspondances, le prix… planifier un road-trip en train peut devenir un vrai casse-tête », constate Charlene Pardieu, la co-fondatrice de Detour Odyssey, une agence de voyage pour les voyageurs qui veulent réduire leur impact carbone, présente sur le festival. « Nous voulons faciliter la vie des voyageurs, en proposant des itinéraires, des carnets de bonnes adresses et lieux éco-responsables…», explique-t-elle. Plutôt que de viser une destination, cet assistant de voyage va privilégier les critères – temps, budget, types d’activités (nature, culture, histoire…)- et proposer des parcours intéressants du départ jusqu’à l’arrivée. Il évite aussi de recommander des lieux sur-fréquentés, des trajets de train trop longs, etc. « Tout cela doit quand même rester des vacances, même si le voyage est plus lent », précise-t-elle. Encore en cours de développement, cette agence propose des conseils sur mesure (via un formulaire de contact sur leur site), et espère développer rapidement une page de recherches et un site plus détaillé. À quelques mètres, l’entreprise Sailcoop, qui propose des itinéraires en voilier pour rallier la Corse depuis Marseille, invite aussi à faire un voyage dans le voyage. Leur objectif à long terme ? Proposer des trajets Paris-New York à la voile. L’aventure !

Cuisiner les épluchures

« Ici, nous avons une « empreinte poubelle » quasiment nulle », nous explique le chef du food truck Popolo pizza, installé pour trois jours dans le Bois de Vincennes, aux côtés des cinquante autres restaurants sélectionnés par un jury d’experts, sous la co-présidence des chefs Alain Ducasse et Romain Meder. En plus de recycler leurs emballages, les équipes de Popolo pizza proposent une vaisselle biodégradable et des plats végétariens. « Il faut essayer de s’habituer à tout cuisiner, et à ne plus jeter », recommande-t-il. De son côté, Léa Villafafila, cheffe du restaurant Hungry Belly venu tout droit de Biarritz propose des pâtisseries vegan, sans gluten ni lactose. Son conseil pour limiter son impact sur la planète en cuisine ? « Favoriser le produit local, mais aussi essayer d’utiliser les produits dans leur entièreté, en réutilisant les épluchures par exemple ».

Installer un lombricomposteur

Au détour d’une allée du festival, l’entreprise Planet Compost répond à toutes les questions des festivaliers sur le lombricomposteur, qui transforme les déchets compostables en engrais grâce à des vers de terre. Où achète-t-on ces vers de terre ? Peuvent-ils s’évader de leur bac ? Faut-il les installer à l’extérieur pour éviter les odeurs ? Comment récolter le compost ? « Dans le premier bac, il faut mettre une souche de vers, puis ajouter les déchets compostables : aliments, épluchures, boites d’œufs, tickets de caisse… », explique Sébastien, fondateur de Planet Compost. « Après deux ou trois mois, il faut remplir le second bac. Les vers de terre vont remonter naturellement pour s’attaquer aux déchets et le transformer en engrais ». Une fois le compost récolté, il peut être mis dans des plantes, un jardin, un potager…Vous n’avez pas de jardin ni de plantes ? « Offrez ce compost à vos proches qui vivent à la campagne ! Sinon, déposez le dans un composteur commun en bas de votre immeuble, ou dans une forêt près de chez vous », propose-t-il. Ces bacs composteurs, vendus à moins de cent euros sont faits à partir d’anciens paniers de supermarchés, broyés et recyclés en France, 100% recyclables. « En plus de transformer les déchets en engrais naturel, le lombricomposteur est garanti sans aucune odeur, même dans un 22m2 à Paris ! », assure-t-il.

Tout remettre en question

Du côté du Think Tank du festival - un tipi géant qui accueille des conférences autour des enjeux climatiques - qui célébrait ses 10 ans cette année, l’astrophysicien et philosophe français Aurélien Barrau invitait à une réflexion philosophique sur la crise climatique, et notre vision du monde de demain. « Il faut comprendre que tenter un grand coup dans une partie perdue d’avance ne peut pas fonctionner », expliquait-il. « Il faut apprendre à tricher, ou changer les règles et le but du jeu ». « Quel intérêt de décarboner nos transports pour continuer à détruire les forêts et les océans ? Pourquoi réduire nos émissions mais détruire les écosystèmes ? », dénonçait-il. « Si nous gagnons comme cela, c’est la vie qui perd ». Selon lui, plutôt que de « multiplier les bilans carbones pour éviter les questions », ou « chercher la meilleure place dans un avion en train de se crasher », la solution, face à la crise climatique, serait de « commencer par trahir fièrement, et tout remettre en question ». Selon lui, cette trahison consiste à désobéir, non pas à ses proches ou à ses valeurs, mais à « notre époque et ce que l’on attend de nous ». « C’est un peu angoissant de trahir parce qu’on quitte beaucoup plus que sa zone de confort. On abandonne un peu de son monde de domination. On devient suspect aux yeux de ses alliés à venir », détaillait-le philosophe. Selon lui, il faut refuser « le monde artificiel, fait de silicium et de progrès technologiques, pour se rapprocher de la nature et du poétique ». Par où commencer ? Passer du temps dans la nature, militer, se poser des questions, rejoindre une association, voyager autrement, et changer ses habitudes, chez soi et aussi en festival.

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