UNE MAISON COMME UN PETIT JOYAU TYPIQUEMENT VéNITIEN

Niché au cœur de Venise, le sestiere de Dorsoduro est un joyau caché parmi les méandres des canaux et des ruelles de la ville. Un quartier qui incarne l’esprit vénitien, un creuset d’histoire, d’art et de vie quotidienne, loin des parcours touristiques fréquentés.

« La plus grande. particularité de la maison est sa vue sur le Campo San Trovaso, célèbre pour son squero, un des rares vestiges de la ville où les gondoles sont encore construites et réparées selon des techniques séculaires, confie Daniele Daminelli, de Studio 2046. Le voisinage est un point de rencontre pour les habitants, et la vie s’y déroule paisiblement. » Il est vrai que le quartier est magique, avec une des rares places largement ouvertes de la ville et un petit jardin donnant sur l’un des cicchettis– snack-bars – historiques de Venise.

Lorsque l’architecte d’intérieur et designer découvre la maison, seuls lessols d’origine et l’escalier en bois reliant le premier et le deuxième étage sont en bon état. N’étant pas une construction noble, le lieu manque d’éléments architecturaux ou décoratifs de valeur particulière, comme des stucs, des fenêtres à meneaux ou des miroirs, il raconte juste l’histoire d’une Venise dévolue à une classe moins aisée.

Mais la première rencontre avec ses propriétaires, le photographe de mode Julian Hargreaves et la réalisatrice et scénographe Alessandra Cardone Alverà, se déroule au musée Fortuny, dédié au peintre, scénographe, photographe, couturier et surtout designer textile Mariano Fortuny, connu pour ses luxueuses créations en tissus : le fil conducteur de la rénovation est trouvé, ce seront les étoffes de Mariano Fortuny, cet artiste espagnol aux multiples facettes qui vécut à Venise la majeure partie de sa vie. Ayant accès aux archives de la maison Fortuny, Studio 2046 y découvre des tissages uniques qui déterminent une palette de couleurs pour chaque pièce, une base solide autour de laquelle recomposer un univers singulier.

Un jeu de nuances fortes

Les quatre niveaux de la maison – aux murs extérieurs terre de Sienne – déclinent donc la couleur de bas en haut, du bleu intense de l’entrée, des escaliers et des couloirs – les zones de transition – ainsi qu’une suite comprenant une chambre, une salle de bains et un petit salon cosy, jusqu’au premier étage où, dans une chambre verte et sa salle de bains, son bureau et un canapé-lit pour les invités, on ne peut manquer le tissu à motif camouflage dont les taches forment une représentation stylisée des îles de la lagune.

Au deuxième étage, les escaliers mènent à une cuisine au doré contemporain et précieux qui s’ouvre sur un salon et une salle à manger donnant sur la place, le squero de Campo San Trovaso, et un petit balcon à la vue imprenable sur les toits de Venise.

Au troisième étage, une chambre rose ultra cosy et une salle de bains en suite dominent la ville. La pierre, le bois, le marbre et les carreaux de céramique parfaitement conservés des sols accompagnent les couleurs franches mais pas primaires des murs peints en all-over, quand les pièces demobilier vintage signées Gio Ponti dialoguent avec une bibliothèque, un dressing et des éclairages créés par Studio 2046, convoquant le bois et le laiton, dans une harmonie que l’on croirait là depuis toujours. « Les travaux se sont arrêtés pour accueillir une présentation de nos pièces de mobilier. C’était très intéressant d’observer la polyvalence de la maison, capable d’abriter une exposition tout en restant encore brute. Elle a été habillée pour l’occasion, puis nous avons repris le cours normal de la rénovation. »

Outre ce souvenir particulier, Daniele Daminelli se rappelle la logistique propre à Venise, cette ville sur l’eau où il est nécessaire d’utiliser des bateaux pour le transport d’absolument tout. « Grâce à ce projet, j’ai eu l’occasion de découvrir une Venise particulière, de rencontrer des familles historiques et des personnalités marquantes qui m’ont permis de vivre le quotidien de cette splendide ville. Ils m’ont aussi invité à en découvrir les endroits historiques comme le Harry’s Bar et la Trattoria da Romano, un lieu où les artistes de la Biennale échangeaient leurs peintures contre de la nourriture. En explorant la ville en topetta, bateau typique, je me suis senti transporté dans son quotidien unique. » Si le projet réussit à exprimer, avec le langage de Studio 2046, la volonté des propriétaires de refléter une Venise contemporaine à laquelle ils sont très attachés, il est à l’origine, en prime « d’une belle amitié tissée avec Alessandra et Julian.

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